Next: Thèmes de recherche prioritaires
Up: Programme scientifique
Previous: Programme scientifique
L'introduction des semianneaux de type (max,+) a été
historiquement motivée soit par des applications au sens concret du
terme (problème central de l'ordonnancement, problèmes de cheminement dans les
graphes, modèles de systèmes à événements discrets) soit par
des liens avec des problèmes mathématiques pour lesquels ces
semianneaux apparaissaient comme l'outil naturel.
La théorie de ces semianneaux continue de se développer autour de
ces motivations, dont voici un bref aperçu.
- Modélisation, Évaluation de Performance et Commande de
Systèmes à Événements Discrets. (SED) Les systèmes
dynamiques linéaires sur le semianneau (max,+) et leurs extensions
sont des modèles de certaines classes importantes de réseaux de
Petri temporisés. Les systèmes présentant des phénomènes de
synchronisation/assemblage (ateliers, réseaux de transports,
systèmes multiprocesseur) deviennent souvent modélisables par des
dynamiques linéaires sur ces semianneaux une fois que les
décisions d'ordonnancement ont été spécifiées [2].
Les automates à multiplicités (max,+) ou (min,+) fournissent une
généralisation de ces modèles, ce qui revient à étendre
partiellement au cas temporisé la modélisation ``à la
Ramadge-Wonham'' du comportement logique de SED par des automates
classiques. Des modèles généralisés (min, max,+) ont par
ailleurs été appliqués à la vérification de contraintes
temporelles pour des circuits. Les résultats d'algèbre linéaire
(max,+) (théorie spectrale des matrices (max,+), généralisations
aux produits de matrices (max,+) aléatoires) se traduisent en termes
d'évaluation de performance (calcul de taux de production,
conditions de stabilité) [2, 16, 27]. Une
théorie de la commande des systèmes (max,+) est en cours
d'émergence (commande par modèle interne [6],
poursuite de modèle [24]). Récemment, des
extensions aux cas ``multilinéaire'' (systèmes dynamiques
homogènes ) ont permis de prendre en compte des
réseaux de Petri plus généraux
[3, 19, 25], ce qui revient à supprimer
l'hypothèse d'ordonnancements fixés à l'avance, et à
terme doit permettre de voir certains problèmes d'ordonnancement
comme des problèmes de commande.
- Commande Optimale, Optimisation, Théorie des jeux. On
peut développer une vision ``linéaire'' de l'optimisation, les
versions les plus simples de l'équation de la programmation
dynamique étant linéaires sur des semianneaux de type (max,+).
Cela recouvre dans le cas discret, les classiques problèmes de
cheminement dans les graphes [18], et dans le cas continu,
les EDP d'Hamilton-Jacobi-Bellman (associées à des problèmes de
commande déterministe) qui sont justiciables d'une théorie
similaire à celle des EDP linéaires usuelles (espaces
fonctionnels, etc.) [29]. Un formalisme analogue à
celui des probabilités a été développé, fondé sur la
théorie des mesures idempotentes [1]. On obtient de la
sorte des théorèmes limites pour l'optimisation ainsi que dans
certains cas des solutions explicites. Ce qui est au travail ici est
un ``morphisme'' ou plutôt une ``correspondance'' qui, en
remplaçant les lois usuelles par les lois ,
``transforme'' la théorie des probabilités en théorie de
l'optimisation et le contrôle stochastique en théorie des jeux
[5]. Il est important de noter que ce point de vue
inclut et généralise la théorie de l'optimisation
[5], et qu'on peut en attendre des
retombées pour certaines classes de systèmes où
l'algorithmique reste en partie à développer (systèmes
à retards, systèmes non-linéaires). L'unification de ces
théories, initiée dans [34], s'est par exemple
révélée féconde dans l'étude des problèmes de commande
``sensible au risque'' [35], et reste aujourd'hui en
chantier.
- Analyse asymptotique (WKB, grandes déviations). La
méthode dite WKB pour l'analyse asymptotique des EDP, ainsi que les
résultats de type grandes déviations conduisent (par passage à
la limite) à étudier des équations de Hamilton-Jacobi ou des
mesures dans l'algèbre (max,+), qui relèvent de la théorie
linéaire de la commande optimale présentée au point 2 de cette
liste [30, 29]. Dans le même esprit, les
asymptotiques à température nulle en physique statistique
conduisent à étudier des opérateurs linéaires (max,+). Ces
différentes applications relèvent en fait d'une même théorie
de l'Analyse Idempotente.
- Théorie des langages. Les automates à multiplicités
sur le semianneau tropical apparaissent naturellement en théorie des
langages. Certains problèmes de décision classiques comme la
``finite power property'' (quand est-ce que la somme des puissances
(étoile) d'un langage reconnu par un automate fini converge en un
nombre fini de coups) se ramènent à des problèmes de limitation
(finitude de l'ensemble des multiplicités) pour des automates
tropicaux, ou de manière presque équivalente, à des problèmes
de finitude de semigroupes de matrices dans le semianneau tropical
[20, 23]. Les automates tropicaux calculent aussi
les ``complexités non-déterministes'' (nombre minimal de
décisions à prendre pour reconnaître un mot, pour un automate
non-déterministe usuel) [32].
Next: Thèmes de recherche prioritaires
Up: Programme scientifique
Previous: Programme scientifique
Gaubert
Mon Oct 26 12:14:24 MET 1998