Rencontre de la chaire
6 mai 2024 matin
Amphi Rouelle (bâtiment de la baleine - plan
d'accès)
(Museum National d'Histoire Naturelle).
Programme:
9h30 -10h : Acceuil Café
10h00-10h40 : Thomas Aubier (CNRS -
Université Toulouse 3) - Etude
théorique du couplage entre barrières d'isolement reproductif
au cours de la spéciation.
10h45-11h25 : Béatrice Laroche (INRAE)
- Modéliser
les interactions hôte-microbiote-pathogène : défis et
perspectives
11h25-11h55 : pause
11h55-12h35 : Gaël Raoul (CNRS - Ecole
polytechnique) - Evolution
de la résistance de pathogènes lors d'une propagation
spatiale.
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Abstract de T. Aubier:
La spéciation est le processus par lequel de nouvelles espèces émergent et repose sur l'accumulation de barrières d'isolement reproductif entre les futures espèces. L'évolution à l'échelle micro-évolutive peut conduire à l'établissement de telles barrières, de sorte que la présence d'une barrière peut affecter l'évolution d'autres barrières. En particulier, il est désormais admis que la présence de barrières d'isolement reproductif peut favoriser l'évolution d'autres barrières ; c'est ce que l'on appelle le couplage. Ce couplage positif entre barrières peut potentiellement constituer un processus majeur conduisant à la spéciation. Cependant, sur la base de l'analyse de modèles de génétique des populations, je montrerai au cours de cette présentation qu'il peut exister des situations où la présence d'une barrière inhibe l'établissement d'autres barrières, conduisant ainsi à un couplage "négatif" qui réduit l'isolement reproductif.
Abstract de B. Laroche:
La
santé et la physiologie humaines sont profondément influencées
par les interactions entre les cellules humaines et le
microbiote intestinal. Celui-ci joue un rôle crucial dans le
développement de l'immunité de l'hôte, la digestion des
aliments, la régulation des fonctions endocriniennes et
neurologiques de l'intestin, tout en offrant une protection
contre les pathogènes extérieurs et en contrôlant les
pathobiontes.
Chez les mammifères, cette interaction entre l'hôte et le
microbiote est essentiellement régulée au niveau des cryptes
intestinales : par exemple, le renouvellement des cellules
épithéliales est directement influencé par les métabolites
produits par le microbiote. À l'inverse, les colonocytes
favorisent une hypoxie dans l'intestin, ce qui bénéficie aux
bactéries anaérobies prédominantes dans le microbiote
intestinal. Les variations des conditions environnementales,
comme les maladies ou les régimes alimentaires, jouent un rôle
crucial dans la modulation de ces interactions, influençant la
composition et la fonctionnalité du microbiote. Des stratégies
écologiques permettant aux pathogènes et aux pathobiontes de
tirer parti des perturbations pour déjouer les défenses de
l'hôte et son effet barrière ont également été observées.
L’exposé présentera les modèles et l’exploitation de données
que nous avons développés pour étudier ces interactions
complexes et discutera des nombreux défis qui restent à
relever.
Abstract de G. Raoul:
Nous
considérons deux traitements (typiquement des antibiotiques),
A et B, et une population de pathogènes où différents types
sont présents. Plus précisément, la population de pathogènes
est composée de résistants simples (type "a", résistants au
traitement A et type "b", résistant au traitement B), ainsi
que d'un type de pathogènes multi-résistant, qui résistent à
tous les traitements.
Pour réduire la taille de ces populations de pathogènes, une
stratégie efficace est d'alterner les traitements: une bande
traitée par le traitement A est suivi par une bande traitée
par B. Réduire la largeur des bandes de traitement, et donc
une alternance plus rapide des deux types de traitements,
permet de réduire la taille des populations de résistants
simples et de ralentir leur propagation. Ces stratégies
peuvent cependant favoriser l'émergence de pathogènes
multi-résistants, qui peuvent poser de gros problèmes.
A l'aide de modèles EDP, nous discutons la diversité des
pathogènes dans les populations vivant dans cet environnement
hétérogène, en avant du front de propagation ou une fois que
la population de pathogène est stabilisée. Nous considérons
ensuite des modèles stochastiques qui nous permettent de
considérer l'impact de la taille fini des populations réelles.
Le résultat principale de cette étude est que l'émergence de
multi-résistance est favorisée par la propagation spatiale de
la population de pathogènes.
Ce travail a été réalisé en collaboration avec Matthieu
Alfaro, Quentin Griette et Sylvain Gandon.