Chaire Modélisation Mathématique et Biodiversité

École Polytechnique, Muséum national d'Histoire naturelle
Fondation de l'Ecole Polytechnique
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Charlotte Prieu (Post-doc de 8 mois, encadrée par Pierre-Henri Gouyon et Damien de Vienne)

Élaboration d'outils mathématiques de comparaison d'arbres phylogénétiques.

Depuis les travaux de Darwin, la biologie est devenue une science historique. Les êtres vivants sont le résultat d'une histoire complexe, et la biodiversité actuelle peut être vue comme un arrêt sur image de l'évolution. La description des processus historiques à l'origine de cette diversité est un enjeu majeur de la biologie évolutive.

Les arbres phylogénétiques constituent des outils incontournables pour étudier les relations de parenté entre les êtres vivants, ainsi que les processus évolutifs affectant les différentes branches du vivant. Les arbres phylogénétiques peuvent ainsi être utilisés pour modéliser des scénarios évolutifs, impliquant par exemple de la sélection, de la compétition, des transferts horizontaux... Il est alors nécessaire de comparer ces arbres théoriques à des arbres issus de données expérimentales, afin de tester la compatibilité d'un modèle évolutif avec les données observées. Nous nous proposons, au cours de ce projet, de développer des outils mathématiques permettant de comparer des arbres phylogénétiques, et en particulier de comparer des arbres modélisés à des arbres générés à partir de données moléculaires. De tels outils permettraient de tester de manière adéquate des scénarios évolutifs sur des exemples biologiques.

Nous aimerions en particulier tester l'hypothèse de sélection interphylétique sur la reproduction sexuée. L'immense majorité des eucaryotes pratique une reproduction sexuée, malgré le désavantage à court terme que celle-ci procure par rapport à la reproduction asexuée, qui permet de produire deux fois plus de descendants, et de transmettre l'intégralité des chromosomes. La question du maintien de la reproduction sexuée sur le long terme est une question qui a beaucoup intéressé les biologistes de l'évolution, sans qu'une explication claire soit unanimement acceptée. Il a été proposé que les lignées asexuées soient désavantagées sur le long terme (en l'absence de recombinaison et d'élimination des allèles délétères notamment), et qu'elles aient un taux d'extinction plus important que les lignées pratiquant la reproduction sexuée. Un tel type de sélection entre taxons est appelé sélection interphylétique. Un modèle simulant l'évolution de lignées sexuées et asexuées a mis en évidence qu'un tel type de sélection pouvait expliquer le maintien à long terme de la reproduction sexuée (de Vienne et al 2013) malgré son fort désavantage à court terme. Nous aimerions tester ce modèle sur des exemples biologiques, et notamment voir si les arbres générés par le modèle sont topologiquement comparables aux arbres inférés à partir de données biologiques et publiés dans la littérature.