L'affaire NK603
Les conclusions de l'étude
Autres études, autres conclusions
L'attitude de certains médias
La crédibilité des scientifiques
Monsieur Paul Deheuvels s'indigne !

 

Les conclusions de l’étude :;

y'a quelque chose qui cloche là-dedans !


Un échantillon de 200 rats, constitué de 100 mâles et 100 femelles, a été randomisé en 20 groupes de 10 rats de même sexe : on dispose ainsi pour chaque sexe d’1 groupe contrôle et de 9 groupes expérimentaux (9 régimes à base de NK603 traité ou non avec du RoudUp et de RoundUp  administré sous forme liquide).
L’étude a duré 2 ans durant lesquels plusieurs analyses ont été effectuées :

  • Une analyse de mortalité,
  • Une étude de pathologies anatomiques,
  • Une analyse de paramètres biochimiques.

Le corps de l’article se limite essentiellement à une description des résultats obtenus lors de cette étude. Les remarques concernant cette partie de l’article concernent le choix des différences observées mis en avant. En effet, une telle analyse descriptive ne devrait pas soulever de remarques particulières si les auteurs se contentaient de décrire de façon objective ce qu’ils ont observé chez les différents groupes de 10 rats (courbes de mortalité, pathologies anatomiques,…). Ils ont malheureusement parfois tendance à sélectionner soigneusement quelles comparaisons présenter. On peut ainsi lire §3.1 “Before this period, 30% control males (three in total) and 20% females (only two) died spontaneously, while up to 50% males and 70% females died in some groups on diets containing the GM maize (Fig. 1).”. Mais si quelques groupes expérimentaux de mâles présentent en effet un taux de mortalité de 50% (5 rats morts) à la date de 600 jours, les groupes expérimentaux de mâles ayant reçu les plus grandes dose de NK603 et/ou de Roundup présentent des taux de mortalités de seulement 10% ou 20% (1 ou 2 rats morts). Pourquoi ne pas avoir décrit cette différence ?

Et pourquoi ne montrer que des photos de rats issus des groupes expérimentaux ? les tumeurs des rats des groupes contrôles ne sont-elles pas semblables ? Là encore, comme pour les courbes de mortalité, une présentation partielle (et partiale) des résultats ne rend pas compte de l'expérience telle qu'elle a réellement menée.


Le contenu de l’article devient franchement critiquable lorsque les auteurs sortent du domaine purement descriptif des observations en cherchant à expliquer les résultats obtenus et à les généraliser. On peut ainsi lire en conclusion :

  • The results of the study presented here clearly demonstrate that lower levels of complete agricultural glyphosate herbicide formulations, at concentrations well below officially set safety limits, induce severe hormone-dependent mammary, hepatic and kidney disturbances.
  • Altogether, the significant biochemical disturbances and physiological failures documented in this work confirm the pathological effects of these GMO and R treatments in both sexes, with different amplitudes.

De telles affirmations ainsi formulées et ne laissant la place à aucun doute, devraient impérativement être rigoureusement justifiées et validées. Or, il est ici absolument impossible de conclure de façon définitive à la toxicité du NK603 sur la base de données aussi limitées.

Rappel : nous sommes dans un environnement incertain ! 

Ce n’est pas parce que seulement 2 rates parmi les 10 du groupe contrôle sont mortes à la fin de l’étude, contre 6 du groupe OGM 22% que l’on peut conclure que le risque de mourir dans les 2 ans pour une rate est 3 fois plus élevé si elle est nourrie avec un régime contenant 22% de NK603.

Le rôle de la statistique inférentielle consiste précisément à évaluer les incertitudes et les probabilités de se tromper en concluant à la présence ou à l’absence d’effets. Il est regrettable que les auteurs aient totalement négligé cet aspect de la statistique, tout en s’autorisant à des surinterprétations non justifiées de leurs résultats expérimentaux.

En suivant la démarche des auteurs (qui consiste à généraliser directement ce qui est observé sur un échantillon réduit à l’ensemble de la population), pourquoi ne pas avoir repris la différence observé entre mâles nourris au NK603 33% et le groupe contrôle pour conclure qu’une forte dose de NK603 réduit le taux de mortalité chez les mâles ? (tout ceci  est bien sûr ironique… personne n’oserait remettre en question le fait que cette différence n’est due qu’aux fluctuations d’échantillonnage… tout comme les autres différences observées…)

Le protocole et les outils statistiques utilisés souffrent de graves lacunes et faiblesses méthodologiques qui remettent totalement en question les conclusions avancées par les auteurs.
Une analyse statistique rigoureuse des résultats obtenus lors de cette étude ne met en évidence

  • aucune différence significative de la mortalité des rats dans les groupes contrôle et expérimentaux,
  • aucune différence significative des paramètres biochimiques.

 

Une analyse statistique détaillé :

A detailed statistical analysis: