L'affaire NK603
Les conclusions de l'étude
Autres études, autres conclusions
L'attitude de certains médias
La crédibilité des scientifiques
Monsieur Paul Deheuvels s'indigne !

 

L'attitude de certains médias

y'a quelque chose qui cloche là-dedans !


Cette "une" du Nouvel Obs est emblématique. Elle illustre très bien le besoin toujours accru pour les journaux de publier le plus rapidement possible des sujets les plus médiatiques et vendeurs possible.
On peut le comprendre… mais de là à traiter les OGM comme les seins nus de la princesse d’Angleterre… pfff…
On peut quand même imaginer que le journaliste qui a conçu ce dossier a de solides connaissances scientifiques (je le crois vraiment). D’accord, mais sa culture statistique est-elle à ce point limitée pour ne pas savoir qu’une étude portant sur des groupes de 10 rats a immanquablement des limites ? que le niveau d’incertitude est terriblement élevé dans un tel contexte?

Quel raisonnement a-t-il pu suivre pour, à partir d’une étude sur des groupes de 10 rats, portant sur un unique OGM, en déduire que tous les OGM sont des poisons (sous-entendu, pour l’homme) ?

 


... faible dose ? ... se révèle ? ... lourdement toxique ? ... souvent mortel ?
Mais sur quelles informations se base-t-il pour énoncer toutes ces affirmations en une seule et même phrase ?

Conclure de la sorte sur des bases aussi fragiles et sans avoir pris la peine de regarder de près les résultats de l’étude, est surréaliste et totalement irresponsable !

Je pense en effet à tous mes collègues scientifiques, et plus particulièrement statisticiens, chercheurs et enseignants, qui, travaillent inlassablement pour publier des articles prônant les bonnes pratiques statistiques, qui transmettent avec patience à leurs étudiants ou élèves la culture de l’environnement incertain. Mais que peuvent-ils penser aujourd’hui ? Quel message faire passer quand de telles contre-vérités peuvent être assénées à la une d’un grand hebdomadaire sans le moindre contrôle ?

De plus, il y a des précédents qui auraient dû alerter ces journalistes : plusieurs travaux de G.E.S avaient déjà été critiqués par la communauté scientifique. Pourquoi ne pas avoir alors pris le temps de s’assurer de la validité des conclusions de l’étude avant de publier ce dossier ?

L’article publié dans Food and Chemical Toxicology n’a été en ligne que le mercredi 19 septembre à 15h00… Le nouvel Obs était en kiosque le lendemain même ! Certains journalistes ont pu recevoir l’article bien avant sa mise en ligne, à la condition de signer un accord de confidentialité… et donc de ne pas le diffuser avant la date fatidique de sortie. De telles pratiques sont inadmissibles lorsque l’on sait pertinemment que des telles études réclament obligatoirement une contre-expertise (voir à ce sujet le billet de Sylvestre Huet ou celui de Pascal Lapointe).

Quelles seront maintenant les conséquences d'un tel battage médiatique? un amalgame entre lanceur d'alertes et lanceur d'alertes à la bombe... un amalgame entre véritable scandale et opération politico-médiatique montée de toute pièce... un amalgame entre journalisme scientifique et journalisme à sensation... un amalgame entre intérêt général et intérêt personnel...

Une chose est sûre en ce qui me concerne... je saurai maintenant à quoi m'en tenir avec les unes du Nouvel Obs !